Portrait de membre : le membre mystère de Noël

Lorient, le 25 décembre 2019,

Mercredi. Aujourd’hui, c’est férié et je fais une ballade matinale. Il ne neige pas mais le temps est plutôt clément. C’est au coin d’une rue que je fais la connaissance d’un inconnu qui termine sa tournée de bénévolat. La discussion s’engage et je découvre un ancien membre Jeune Chambre. Ni une ni deux, voici l’occasion de terminer l’année avec un dernier portrait de membre.

Il préfère que je ne donne pas son nom. L’homme est discret. Certains anciens jaycees le reconnaîtront peut-être. Disons qu’il s’appelle Régis. Comme quoi, l’adage répandu sur ce prénom n’est pas toujours vrai.

Pour commencer, je lui demande comment il a découvert la Jeune Chambre. Il n’a pas commencé son parcours à la JCEF mais à l’étranger. Parti comme expat dans le nord de l’Europe, il travaillait pour une énorme compagnie fabriquant des sodas que chacun reconnaîtra. Sorti d’école de commerce, il travaillait à un poste important dans le développement des ventes par un marketing agressif. Argent, pouvoir, responsabilités, perspectives. Il avait tout ça. Mais…

On parle beaucoup de la quête de sens dans le travail de nos jours. Régis connut ce dilemme en un temps où la pyramide de Maslow n’avait pas encore été inventée. Il lâcha brutalement tout pour se consacrer à un projet fou qui lui trottait dans la tête depuis un certain temps. Le problème ? Il était seul pour monter son projet ambitieux. C’est là qu’il découvrit la Jeune Chambre.

Autant vous dire que le coup de foudre fut réciproque. La Jeune Chambre découvrit un homme plein d’énergie, d’idées et de compétences. Régis découvrit un espace parfait pour donner libre cours à ses projets et ceux de sa Jeune Chambre. Son parcours fut rapide et il le fallait. Comme moi, il avait découvert l’associatif presqu’à la date de péremption et il ne lui restait que 2 ans pour réaliser la commission qui lui tenait à cœur. En moins de 4 mois, il passa les étapes d’observateur à membre et directeur de commission.

Il s’entoura d’une équipe qui aujourd’hui encore l’accompagne. Il me dit et je n’ai pas de mal à le croire que la convivialité et le travail ensemble créent des liens forts et il en est ainsi aujourd’hui comme hier.

Un des points centraux de la commission était le besoin d’un budget très ambitieux. Une bonne partie de l’énergie fut investie dans la recherche de partenaires. Financiers pour certains comme son ancien employeur, en nature pour d’autres pour récupérer un nombre considérable de lots nécessaires à l’action future. Je sens aussi un peu de nostalgie dans sa voix lorsqu’il se souvient des actions « voies et moyens » qu’ils ont réalisées pour aller au bout de leur projet : vente de pains d’épices et vin chaud, emballage de cadeaux, courses de traîneaux… Bref, il répète à l’envie qu’il a tout appris à cette époque là et que ça lui a permis de grandir personnellement et de pouvoir voir plus haut et plus loin.

Au final, sa commission prit 2 ans à se concrétiser. Et son jour J eut lieu les 24 et 25 décembre de l’année de ses 40 ans, juste avant la cloche fatidique. Cela ne s’invente pas… Pendant toute une nuit, ils passèrent de maisons en appartements pour déposer un présent à tous les enfants de la ville. D’une orange (eh, oui, c’était un autre temps !) à un jouet en bois selon le niveau de mérite de chacun (déterminé selon une grille objective de notation que la commission avait déterminée à l’avance, tient-il à préciser). Les sourires des enfants le lendemain furent leurs récompenses. Aujourd’hui on dirait aussi qu’ils ont rempli les global goals 1 et 10.

Vient alors la question de ce qu’était devenue la commission. Et bien elle se développa comme jamais. Géographiquement et en ampleur. Sorti avec les honneurs de la JCE, il se mit en charge de monter une structure à même de pouvoir assurer la transmission de l’action et vous savez quoi ? Et bien, c’est une des actions JCE les plus florissantes. Je ne pense pas m’avancer de trop en disant que ce matin chacun de vous a du bénéficier de l’action initiale de Régis. Enfin seulement selon la grille de notation du mérite qui, étonnamment, est restée la même.

Une bien belle histoire de réussite. J’envie son parcours, moi qui ne laisserai pas une trace impérissable dans les mémoires Jaycees.

Je lui pose la question de savoir s’il suit encore l’actualité notre association. De loin me répond-il. Surtout en ce moment de rush. Je lui parle du prochain thème national sur l’optimisation des ressources et le développement durable. Il trouve cela inspirant. Il me dit que dans sa propre structure, ce sont des thèmes sur lesquels ils réfléchissent : limitation du volume de cadeaux, utilisation de tissus « furoshiki » consignés pour l ‘emballage, investissement dans des traîneaux électriques plutôt que les rennes qui produisent du méthane néfaste à l’effet de serre, recyclage et réutilisation de jouets de seconde main… Comme quoi, il est toujours à la page pour sentir les problématiques de territoire du moment.

C’est déjà l’heure pour moi de le quitter. Je prends congé de Régis et le remercie pour cette rencontre rare. Il s’associe à moi pour vous souhaiter un bon Noël à vous et votre famille. Il vous souhaite aussi une excellente année 2020 avec des projets aussi florissants que le projet de sa vie.

Je rentre chez moi, me demandant ce que la grille de notation a pu conclure à mon sujet…

Marc SIMON

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